Week-end dans le Calvados : de Bayeux aux chemins de mémoire de Normandie
Pour cette nouvelle escapade estivale, nous mettons le cap sur la Normandie. Direction la Côte de Nacre, le littoral normand entre Arromanches et Ouistreham dans le Calvados. Intimement lié à l’histoire du Débarquement des Alliés le 6 juin 1944, de nombreux musées, mémoriaux, et cimetières militaires jalonnent tout ce territoire. Pour ce week-end en Normandie avec bébé, nous avons visité la jolie ville médiévale de Bayeux et rendu hommage à ceux qui ont sacrifié leur vie en juin 1944 pour offrir la liberté à la France autour des lieux de mémoire. Dans ce coin de Normandie, où les paysages racontent à la fois la beauté d’un territoire et les échos du passé. On vous emmène ?
Mais, c’est où le Calvados et la Côte de Nacre ?
Depuis Paris où nous habitons, cap à l’ouest pour rejoindre ce petit coin de Normandie en bord de mer. 35 kilomètres de littoral qui doit son doux nom de Côte de Nacre aux reflets irisés de l’eau rappelant la nacre des coquillages. Haut lieu du tourisme de mémoire avec quelques-unes des plages du débarquement du D-Day. Gold Beach, côté Britannique et Juno Beach, côté Canadien. Le 6 juin 1944, au petit matin commence à s’écrire sur les côtes normandes, l’une des plus extraordinaires pages de l’Histoire contemporaine. L’Opération Overlord, le débarquement des forces alliées. En moins de 3 heures de voiture, nous étions à proximité de Bayeux pour débuter notre découverte.
L’escapade que nous vous racontons ici, peut être complétée par celle que nous avions réalisée il y a quelques années et que nous avions déjà partagée sur le blog par ici. Nous avions visité la plage d’Omaha Beach, lieu du débarquement côté Américain ; le cimetière Américain de Colleville-sur-Mer ; les restes du port artificiel d’Arromanches ; et la batterie Allemande de Longues-sur-Mer. En associant les deux, vous auriez un joli séjour d’une semaine.
Loger au magnifique Domaine de Coeurmandie
Bienvenue chez Sylvie et Damien qui ont ouvert il y a 18 mois, ce petit havre de paix à Bény-sur-Mer. Fruit d’un coup de cœur pour la bâtisse et d’une reconversion professionnelle, l’hôtel 4 étoiles, le domaine de Coeurmandie est engagé à 100% dans une démarche écoresponsable. Suppression du plastique jetable dans les chambres ; produits frais, locaux et de saison proposés au petit déjeuner ou à la table d’hôtes ; sourcing Français des matériaux, du mobilier et de tout ce qu’il est possible.
6 chambres composent ce beau château du XIXème qui a été restauré avec goût par Sylvie et une architecte d’intérieur. Nous y avons logé deux nuits et avons profité le vendredi soir à notre arrivée de la table d’hôtes. Nous avons apprécié l’élégance du lieu qui offre repos et sérénité ainsi que la gentillesse et la prévenance des propriétaires. Notre parenthèse normande ne pouvait pas mieux commencer !
Un samedi à la découverte de Bayeux
On vous le dit tout de suite, nous sommes tombées sous le charme de Bayeux. Mondialement connue pour sa tapisserie et sa cathédrale, Bayeux a été, pour notre plus grande chance, épargnée des bombardements de 1944. Contrairement à Caen, Cherbourg ou Le Havre, Bayeux ne présentait pas d’intérêt militaire majeur. Pas de port, pas d’infrastructures industrielles et peu de présence Allemande. Les forces alliées ont donc évité de la cibler directement lors des premiers bombardements de l’opération Overlord. Première ville française libérée, le 7 juin 1944, au lendemain du Débarquement, Bayeux devient le siège de l’administration du gouvernement provisoire de la République française installé par le général de Gaulle. Aujourd’hui, Bayeux est une ville charmante avec un joli centre historique médiéval. Composé de rues pavées et de maisons à colombages, c’est un excellent point de départ historique pour découvrir les plages du Débarquement.
En ce samedi matin, nous débutons notre visite au marché de la place Saint-Patrice. Marché de terroir avec les bons produits locaux et une belle place faite à l’artisanat normand. En ce week-end de juillet, c’est la grande braderie en centre-ville, de quoi faire du lèche-vitrine dans les jolies boutiques rue Saint-Malo et rue Saint-Martin.
La cathédrale de Bayeux : entre art roman et gothique
La cathédrale Notre-Dame de Bayeux érigée au XIème siècle, a été consacrée en 1077 en présence de Guillaume le Conquérant, duc de Normandie et roi d’Angleterre. Elle est bâtie sur les fondations d’un ancien sanctuaire carolingien. À l’emplacement même où aurait été prononcé le fameux serment d’Harold, épisode clé relaté sur la Tapisserie de Bayeux. Selon la légende, la célèbre tapisserie fut même exposée dans la nef au Moyen Âge.
La cathédrale est grandiose, mêlant art roman normand (notamment dans les parties basses du chœur) et gothique flamboyant (pour la nef et les flèches). Elle illustre l’évolution architecturale sur plusieurs siècles. Classée en totalité au titre des monuments historiques en 1862, la cathédrale a bénéficié de plusieurs programmes de restauration. À la suite de la tempête de 1760 qui avait brisé les vitraux du transept, Véronique Joumard, maître verrière a été choisie pour redonner vie aux huit grandes baies en une création contemporaine. Les couleurs et la lumière apportent une pointe de modernité aux vitraux de la cathédrale de Bayeux.
Le MAHB : une plongée dans l’Histoire et l’art normand
Installé dans l’ancien palais des évêques construit entre le XIème et le XVIème siècle et attenant à la cathédrale, le Musée d’Art et d’Histoire Baron Gérard (MAHB) est une étape incontournable de votre visite à Bayeux. Ce lieu unique marie avec élégance architecture médiévale et muséographie contemporaine. Le long d’un parcours chronologique en 14 étapes, vous débuterez un voyage à travers 5000 ans d’Histoire de la Préhistoire à nos jours.
Ne manquez pas l’ancienne grande salle des audiences de l’évêque qui fut convertie en tribunal d’instance de 1793 à 1987. Elle conserve son mobilier d’époque Louis‑Philippe. Levez les yeux vers le magnifique plafond à caissons du XVIIème siècle. Juste derrière cette salle, la chapelle privée de l’évêque, construite au début du XVIème siècle. De style renaissance et octogonal, elle est couverte d’une voûte à ogives entrecroisées au décor sculpté de motifs « à l’antique ». Sublime !
Et dans l’une des dernières salles visitées sont présentées deux toiles majeures de Gustave Caillebotte. Portraits à la campagne (1876) et Paysage à Argenteuil (1889). Le premier a été offert par l’artiste lui-même à sa cousine Zoé lors de son mariage à Bayeux en 1887 et donné au musée en 1947. Le second est le fruit d’une dation à l’État par un descendant de la famille Caillebotte en 2019.
Une salle entière est également consacrée à la dentelle aux fuseaux, art emblématique de Bayeux. Une autre à la porcelaine de Bayeux, produite entre 1812 et 1951. La collection est riche de plusieurs milliers de pièces, issue des ateliers Desmant père et fils. Comptez 7,5 € l’entrée au musée.
La Tapisserie de Bayeux : une bande dessinée brodée au XIème siècle
Chef-d’œuvre unique du Moyen Âge, à la croisée de l’art, de l’Histoire et de la narration visuelle. La Tapisserie de Bayeux est une broderie monumentale de près de 70 mètres de long. Elle raconte, image après image, la conquête de l’Angleterre par Guillaume, duc de Normandie, devenu Guillaume le Conquérant. Ce n’est pas une tapisserie au sens strict (aucun fil tissé), mais une broderie sur toile de lin. Véritable story-board médiéval, la tapisserie déroule une chronique visuelle : scènes politiques, intrigues diplomatiques, batailles, présages célestes et anecdotes quotidiennes. Chaque scène est accompagnée de légendes en latin abrégé, et ponctuée de détails animaliers ou comiques dans les marges.
Selon toute vraisemblance, la tapisserie aurait été commandée par l’évêque de Bayeux, demi-frère de Guillaume le Conquérant, pour orner la cathédrale Notre-Dame lors de sa consécration en 1077. Elle y aurait été exposée une fois. C’est un document historique exceptionnel, car elle montre la vision normande des événements. Elle est conservée dans un musée dédié, présentée dans une galerie sombre et climatisée pour préserver sa fragilité. Lors de notre passage en juillet 2025, nous étions les derniers à l’apercevoir car le musée ferme pour plusieurs années de travaux. Normalement, la tapisserie sera visible au British Museum de Londres pendant la période.
En sortant du musée, nous partons pour une petite balade dans la vallée de l’Aure, parenthèse nature au bord de la ville. Un petit havre de biodiversité où l’eau donne le tempo et une balade bien agréable !
Un dimanche en hommage aux Héros du 6 juin 1944
Après un petit-déjeuner copieux au Domaine Coeurmandie, nous nous arrêtons au cimetière militaire canadien de Bény-sur-Mer. Dans ce cimetière reposent 2049 soldats issus de la 3ème division canadienne tombés lors du D-Day ou dans les premiers jours du Débarquement. L’endroit est empreint de beauté, les tombes sont joliment végétalisées.
Le Mémorial Britannique de Normandie
Nous partons ensuite direction Ver-sur-Mer, pour découvrir le Mémorial Britannique de Normandie. Ce lieu poignant honore les 22 442 soldats tombés sous commandement britannique pendant le Débarquement et la bataille de Normandie. Érigé sur les hauteurs de Mont Fleury, le site surplombe les plages historiques de Gold Beach. Lors de notre passage, nous avons découvert l’exposition « Standing Giants ». 1475 silhouettes en métal symbolisant le nombre de vies perdues lors du D-Day. Un geste visuel fort et émouvant qui donne une intensité particulière à cette visite.
Ne passez pas à côté du centre Winston Churchill qui vous permet une halte gourmande au besoin mais également une exposition autour des valeurs de paix, de liberté et de démocratie.
Petit aperçu de la Côte de Nacre à Courseulles-sur-Mer
Dernière étape de notre escapade les pieds dans le sable à Courseulles-sur-Mer. Petite station balnéaire de la Côte de Nacre. Ici deux très belles adresses à vous recommander pour déjeuner ou dîner. Le Comptoir de La Crémaillère. Un bar à manger, où vous retrouverez quelques produits de la mer et des recettes inventives. Mention spéciale pour les cocktails.
La Maison Bleue : charmante adresse familiale située à deux pas du Centre Juno Beach. Nous avons mangé un excellent plateau de fruits de mer en terrasse devant les bassins d’ostréiculture.
Centre Juno Beach, l’unique musée canadien des plages du Débarquement
Ce musée retrace le rôle essentiel des Canadiens le 6 juin 1944. 14 000 soldats débarquent sur Juno Beach. Plus de 1000 perdent la vie dans les premiers jours. Lieu de mémoire et centre culturel, le musée est un site de mémoire engagé dans le tourisme durable. Notamment en proposant un tarif bas carbone pour les visiteurs arrivés à vélo ou en transports en commun.
Si vous visitez le musée en famille, on vous recommande « Explore Juno« . Un parcours jeune public, le long duquel vous collectez des points en jouant à retracer l’histoire du Canada des années 30 à aujourd’hui. Une visite à la fois instructive, sensible et respectueuse, parfaite pour clore ce week-end riche en découverte.
De Bayeux, la médiévale aux sites de mémoire empreints de solennité, cette escapade dans le Calvados nous a offert un bel équilibre entre découvertes, nature et moments en famille. Une destination qui séduit autant les amateurs d’Histoire que les amoureux de slow tourisme. Le littoral de la Côte de Nacre, plus confidentiel mêle charme discret et authenticité.