Un long week-end nature sur l’île d’Oléron
De l’île d’Oléron, nous avions de vagues souvenirs de vacances pendant l’enfance. On imaginait surtout les grandes étendues de sable, la mer et les touristes. Mais derrière la carte postale d’Oléron, nous avons découvert des espaces sauvages de forêts et de marais, le retour de la culture du sel sur l’île, les meilleures huîtres du monde, les fameuses « Fines de Claires » et une envie folle des locaux de respecter et préserver ces espaces sauvages.
C’est à la sortie du déconfinement, lors d’un week-end ensoleillé de juin 2020 que nous sommes parties pour 3 jours d’escapades sur l’île d’Oléron. On vous emmène ?
Tout savoir sur l’île d’Oléron !
Seconde plus grande île de métropole après la Corse, l’île d’Oléron, c’est 175 km² de superficie dont plus de 100 km de côte. Ile du département de Charente-Maritime, elle est accessible par un pont gratuit ou par navette bateau depuis La Rochelle.
Sur l’île, on passe des dunes aux falaises, de la forêt à la vigne, des écluses à poissons aux marais salants. Le marais, c’est d’ailleurs le paysage emblématique et un élément majeur du territoire qu’il recouvre à près de 40%. Un mot d’ordre ici ? La préservation des paysages, du patrimoine et de la biodiversité. C’est d’ailleurs 84% de l’île qui est en site classé (Natura 2000, ENS (Espaces naturels sensibles)…). Aimer Oléron, c’est la chérir et la respecter. Pour la découvrir, le plus simple c’est d’avoir des pieds, un vélo ou une voiture, vous avez le choix.
Jour 1 • Visite de Saint-Trojan-les-Bains, balade à la plage de Gatseau et découverte des marais au port de la Saurine
Saint-Trojan-les-Bains et son charme d’antan
Première ville après le pont entre le continent et l’île, Saint-Trojan-les-Bains est une cité balnéaire à l’extrême sud de l’île. Son front de mer au charme d’antan rappelle le début des villégiatures et des premiers bains de mer. Composé de jolies villas belle époque, tout témoigne aujourd’hui de cette période glorieuse : cottage anglais, villa basque… Elles donnent des indications sur la station balnéaire courue et huppée qu’elle a pu être à cette époque.
On vous recommande de faire la balade le long du front de mer pour rejoindre le port ostréicole et ses jolies cabanes d’artistes.
Sur place, pousser la porte de « Retour de plage », une jolie boutique de bijoux « fait à Oléron ». À quelques pas, la terrasse du restaurant « Les poissons rouges » vous proposera une cuisine locale aux saveurs d’ailleurs. Une très belle adresse.
Entre mer et forêt sur la plage de Gatseau
Après le déjeuner, on rencontre Zachary, guide au CPIE, Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement. Son objectif ? Transmettre sa passion pour la nature et éduquer à l’indispensable préservation de la faune et la flore locale qui fait la richesse de l’île d’Oléron. L’association sensibilise chaque année, les scolaires, les vacanciers et les locaux à l’impact que nous avons sur les systèmes qui nous entourent.
La balade commence sur la plage de Gatseau sur un site sauvage, rempli de charme et bordé par la plus étendue de toutes les forêts des îles du littoral atlantique français : la forêt domaniale de Saint-Trojan-les-Bains. Forêt issue de la main de l’homme, plantée entre le XVIe siècle et XIXe siècle sur les massifs dunaires, cette forêt avait pour but de protéger les maisons de l’intérieur de l’île mais également de stabiliser les dunes. Constituée principalement de pins maritimes et de chênes verts, elle constitue un agréable poumon vert en arrière de plage.
Malheureusement, la plage de Gatseau est réputée pour enregistrer la plus forte érosion de toute l’Europe. Chaque année la mer grignote un peu plus de la dune et de son sol sablonneux entraînant la chute des arbres et le recul de la forêt. Nous passons une heure avec Zachary à échanger sur les conséquences de l’activité humaine sur l’environnement. Une belle rencontre.
Un échange qui n’a d’ailleurs pas été sans nous rappeler les sentiments ressentis lors de notre voyage au Svalbard où nous avions constaté la fonte des glaciers du cercle polaire.
Découverte des marais au port de la Saurine
Au port de la Saurine, entre Boyardville et Saint-Pierre-d’Oléron, c’est le terrain de jeu de Marie qui propose des sorties guidées en canoë le long des chenaux avec sa petite entreprise Aloha Canoë. Cette balade nature dans les marais, vous transporte au rythme des marées.
Vous partez à marée montante et vous revenez à marée descendante. Véritable puit de connaissance, cette voyageuse du bout du monde, oléronnaise depuis toujours transmet aux visiteurs, son amour de l’île. Une rencontre forte et marquante. Merci Marie 🙂 . Comptez 35€ la location du canoë pour 2 à 4 h de balade (selon le rythme).
Sur la route des huîtres
À la sortie de la Saurine, nous prenons la direction des Allards et nous empruntons en voiture, la route des huîtres. C’est en grand partie ici que les ostréiculteurs sont installés autour du chenal de la Baudissière. L’endroit est particulièrement pittoresque. La modernisation des exploitations ayant provoqué l’abandon des anciennes cabanes ostréicoles, elles ont été depuis quelques années réhabilitées en ateliers d’artistes ouverts au public. Très colorées, ces cabanes restent le symbole de l’ostréiculture traditionnelle et un vrai plaisir pour Charlotte qui attendait avec impatience de pouvoir les photographier.
Pour dormir, nous avons posé notre sac à l’hôtel Le Square à Saint-Pierre d’Oléron. Cette adresse centrale sur l’île propose 25 chambres très bien entretenues et une piscine agréable en plein soleil toute la journée. Florian est un gérant charmant qui prendra du temps pour s’intéresser à votre séjour sur l’île.
Une soirée magique pour assister au « coucher des aigrettes »
Sur l’Ile d’Oléron se trouve un site naturel protégé absolument magique : le Marais aux Oiseaux. Créé en 1982 à Dolus-d’Oléron, il fait partie des 30 sites de l’union française des centres de sauvegarde de la faune sauvage. Ce centre Oléronais a pour vocation de soigner les animaux sauvages en détresse de toute la région dans le but de les remettre en liberté. Il est fermé au public afin de ne pas troubler la convalescence des animaux en soins.
Depuis plusieurs années, le Marais aux Oiseaux propose au grand public de visiter son site extérieur qui est devenu un véritable sanctuaire aux oiseaux. Paons, aigrettes, cigognes, hérons, chouettes… Plus d’une centaine d’espèces d’oiseaux vivent ici au gré de leurs migrations. Nous avons eu l’immense bonheur de faire la balade « le coucher des aigrettes » au crépuscule après la fermeture du parc au public.
Accompagnées d’un guide ornithologue, nous avons pu profiter du calme du site pour une visite privilégiée au coeur de la faune et assister au rassemblement nocturne de centaines d’oiseaux. Le point d’orgue de la visite se fait à plus de 9 m de haut depuis un observatoire qui offre une vue panoramique sur les plaines alentours. En saison, cette balade de 2 h est proposée les mardis et jeudis pour la modique somme de 6€ /pers. Un souvenir inoubliable !
Jour 2 • Découverte de la vie à marée basse, phare de Chassiron, port de la Cotinière et balade ostréicole à Fort-Royer
Tout savoir sur l’estran et la pêche à pied
C’est une nouvelle fois avec Zachary, guide au CPIE, Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement que nous partons en balade. Cette sortie pédagogique est l’occasion de nous faire découvrir et de nous sensibiliser à la vie à marée basse. Sur l’île d’Oléron, il existe une diversité d’estrans : sableux, vaseux, rocheux… Et la pêche à pied est ici un sport national !
L’estran, c’est ce vaste espace naturel et sauvage découvert par la mer lors de la marée qui abrite des espèces qui savent vivre dans et hors de l’eau. Ce petit univers que l’on apprécie particulièrement pour la pêche à pied est un milieu fragile qu’il faut apprendre à respecter.
Nous sommes donc sur l’estran rocheux de Chassiron, à la pointe Nord de l’île avec Zachary pour guide. Cette portion est une concession scientifique, protégée depuis dix ans et réservée à l’étude de la biodiversité marine. Calée entre deux écluses à poissons, la concession abrite des centaines d’espèces et la pêche y est interdite. Nous partons pour plus d’une heure d’observation de cette vie fascinante et sauvage.
Zachary nous parlera de crabes de toutes sortes, de berniques, de variétés d’algues, de crevettes et même d’anémones. On prend plaisir à se remémorer des souvenirs d’enfance dans ces lieux avec parents ou grands-parents, surtout pour Marie-Catherine, la bretonne.
Monter au phare de Chassiron
184 ans qu’il pointe sur le coin le plus sauvage de l’île d’Oléron pour guider les marins. Haut de 46 mètres, le phare de Chassiron est le plus ancien phare en activité dans le département. Il est reconnaissable à ses bandes noires et blanches.
Après 224 marches pour accéder à son sommet, la vue à 360° sur l’île de Ré, la Rochelle et Fort Boyard (l’autre star de l’île d’Oléron) est magnifique. À son pied, un joli jardin classé « jardins remarquables » en forme de rose des vents, très agréable. Comptez 3€/pers pour monter.
Les cabanes de bain de la Boirie
C’est à Saint-Denis-d’Oléron, sur la plage de la Boirie que l’on découvre les petites cabines de bain en bois décorées par leurs propriétaires. Toutes plus mignonnes les unes que les autres, Charlotte passe un bon moment à les mitrailler. Vous avez dit « passion cabines » ?
Le port de pêche de La Cotinière
À l’ouest de l’île, face au large, ce typique port de pêche, le premier de la région est connu et reconnu pour son âme artisanale et la qualité des produits que l’on y débarque. Près de 90 espèces différentes passent en criée chaque année : sole, raie, lotte, langoustine… Les bateaux partent en mer pour maximum 3 jours avec une polyvalence qui font leur force.
Sur le port, on vous conseille de pousser la porte de la poissonnerie Les Pêcheries de La Cotinière. Elle propose à la vente en libre-service, les produits issus de la pêche locale « Port de La Cotinière » depuis 2005. En 2011, ils créaient la conserverie la Lumineuse qui privilégient la pêche locale autant que possible et fabriqués sur place. On a rapporté quelques conserves dans nos valises.
Tout savoir sur l’huître à Fort-Royer
Manger des huîtres, on adore ça ! Alors, découvrir comment l’île d’Oléron produit l’une des meilleures huîtres du monde, les fameuses « Fines de Claires » et « Spéciale de claires », nous en salivions d’avance.
Sur le site ostréicole de Fort-Royer, nous sommes dans un village traditionnel protégé. Avec ses cabanes en bois, construites au milieu des claires et des chenaux. Ici, l’association propose des visites pédagogiques passionnantes avec guide pour faire découvrir le métier des paysans de la mer. Celui d’ostréiculteur. Comptez 5€/pers.
Les huîtres, un petit point historique s’impose !
Connue depuis l’époque romaine, l’exploitation de l’huître débute à la moitié du XIXe siècle. À cette époque, les sauniers de l’île subissent la concurrence des salines du sud et décident de se tourner vers l’ostréiculture. D’abord avec l’huître plate qui peuple le bassin mais un événement inattendu, l’avarie d’un bateau chargé d’huîtres portugaises, va profiter au développement ostréicole sur le bassin. Une partie des huîtres vont trouver un écosystème unique très favorable à leur croissance.
C’est ainsi que pendant de nombreuses années les huîtres plates et creuses cohabitent. Successivement, une maladie décime l’huître plate puis l’huître creuse alors que la demande des Français pour le mollusque s’intensifie. La décision est donc prise de faire venir des huîtres japonaises plus résistantes. Depuis, le bassin vit au rythme des huîtres.
Mais, comment élève-t-on une huître ?
L’élevage des huîtres est un travail de longue haleine étroitement lié aux conditions climatiques.
- Première étape : le captage ! Une huître pond environ un million d’œufs. Lors de la période de reproduction de mai à août, on dit d’une huître qu’elle est laiteuse. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est conseillé de les manger uniquement pendant les mois en « R ». Les autres mois, elles sécrètent cette substance blanche. Une fois fécondés, les œufs deviennent larves. Pour capter ce naissain, l’ostréiculteur installe des collecteurs. Les huîtres vont pouvoir se fixer sur ces supports (une barre ou une coupelle en plastique par exemple). Ces jeunes huîtres resteront alors 1 an à grandir en pleine mer.
- Seconde étape : le détroquage ! Opération délicate car il s’agit de détacher les huîtres des unes des autres avant de pouvoir les replacer en mer. On les place dans des poches qui sont posées sur des tables. C’est là qu’elle va continuer de grandir, pendant près de deux ans. L’ostréiculteur vient régulièrement agiter les poches pour éviter que les huîtres ne se recollent entres-elles. L’huître passera donc près de 4 années en mer.
- Troisième étape : l’affinage en claires ! C’est la spécificité du bassin de Marennes-Oléron. Les claires sont d’anciens marais salants où l’eau douce se mélange à l’eau salée à chaque marée. Les huîtres s’affinent ici quelques semaines. Pour une fine ou une spéciale de claire : elle doit avoir passé au moins 28 jours dans les claires.
Le bassin Marennes-Oléron est le premier bassin ostréicole d’Europe. Il compte plus de 6 000 hectares de parcs et 3 000 hectares de claires. Chaque année, entre 45 et 60 000 tonnes d’huîtres y sont commercialisées. Cela représente 50% de la production Française en huîtres. (Rien que ça !)
Jour 3 • Château d’Oléron, sa Citadelle et découverte du métier de saunier au port des Salines
Un incontournable de toute escapade réussie, se rendre au marché. Le dimanche matin, rendez-vous au Château d’Oléron pour faire le plein de fruits et légumes ou de miel de la région.
Château d’Oléron : balade sur les remparts de la Citadelle
Classée Monument Historique depuis 1929, la citadelle d’Oléron est édifiée sur l’emplacement d’une ancienne forteresse médiévale. La citadelle a malheureusement été massivement détruite en avril 1945 par un bombardement. Prenez le temps d’admirer la vue sur mer le long des remparts et de passer la porte des pêcheurs.
Les cabanes d’artisans de Château d’Oléron
Au pied de la Citadelle, un village de cabanes authentiques où il fait bon flâner. Des créateurs, artistes et artisans d’art se partagent un très joli site qui redonne vie à d’anciennes cabanes ostréicoles autour des chenaux. Vraiment mignon !
Tout apprendre sur le sel au port des Salines
Produire du sel sur l’île d’Oléron ! On ne l’aurait pas imaginé et pourtant cette production a fait les belles heures de l’île avant de tomber aux oubliettes au profit des huîtres. En 2020, 10 sauniers (on dit plutôt paludiers dans le sud) se sont réinstallés et qui perpétuent cette tradition. Pour tout savoir, rendez-vous sur le site du marais salant le port des Salines. Espace naturel sensible, c’est ici que l’homme et la nature font naître l’or blanc de l’île. C’est lors d’une visite guidée par Lucie que nous en avons appris beaucoup plus.
Petit point historique
Pratique ancestrale datant de la préhistoire, ce sont les romains (encore eux!) qui ont mis au point la technique de la saliculture par évaporation naturelle de l’eau. Et oui, pour faire du sel, il faut de l’eau, du vent et du soleil. C’est la concurrence des autres sels, notamment ceux du sud, qui ont conduit à l’arrêt de l’activité dans les années 80. Il faudra attendre le début des années 90 et l’engagement de la commune de Grand-Village pour relancer la pratique de ce savoir-faire.
Mais, comment produit-on du sel ?
La technique des marais salants repose sur un principe tout simple : l’évaporation de l’eau de mer grâce à l’action du vent et du soleil. La récolte du sel se fait donc uniquement l’été quand le soleil est fortement présent sur l’île.
Au départ du processus, l’eau de mer contient 33 grammes de sel par litre d’eau. L’eau va suivre un long chenal et plusieurs bassins ou réserve d’eau pour se gorger en sel (de façon naturelle évidemment). Pour produire du sel, un litre d’eau doit contenir 280 grammes de sel minimum. Et là, la magie opère ! En surface du marais, la fleur de sel et dans le fond du marais, le gros sel.
Pour compléter la visite
Après cette visite enrichissante, perfectionnez vos connaissances en poussant la porte de l’écomusée. De cabane en cabane, le musée présente l’histoire du sel et notamment son utilisation et son commerce. Si le temps est beau, montez dans une barque pour faire le tour du site. Comptez 4,50€/pers pour l’entrée au musée / 4,50€/pers pour la visite commentée du marais salant.
Pour déjeuner, pensez à réserver au Relais des Salines, une très belle table qui a reçu un Bib Gourmand 2020 du Guide Michelin. Cuisine locale, recherchée et une ambiance cabane au cœur du marais salant.
Sortant de notre confinement, cette escapade sur l’île d’Oléron fut un vrai régal nature pour les voyageuses avides d’escapades que nous sommes. Un week-end 100% centré sur la préservation des paysages, du patrimoine et de la biodiversité locale.
Cet article a été réalisé en partenariat avec l’office de tourisme île d’Oléron-bassin de Marennes. Un grand merci à Cécile pour nos échanges et son accueil dans sa belle très belle île.
6 Comments
Merlino Françoise
Comme notre île est belle , merci pour ce beau reportage et ces magnifiques photos .
Récits d'escapades
Merci à vous pour votre commentaire 🙂 Votre Ile est effectivement magnifique !
yvon LEFEBVRE
Rien à dire : magnifique. Connaissant l’ile c’est tout à fait cela. Continuez à partager vos escapades !
Récits d'escapades
Merci Yvon =). A très bientôt pour d’autres escapades !
lefebvre
Merci pour ce magnifique reportage sur notre île .
c’est vrai qu’il y fait bon vivre . Venez y a chaque saison vous la découvrirez différemment.
À votre prochaine venue
Récits d'escapades
Avec plaisir 🙂