Marie-Catherine devant le bâtiment le plus emblématique du Centre Historique Minier de Lewarde
Hauts-de-France

Hauts-de-France : week-end dans le bassin minier de Douai

Inscrite trois fois au patrimoine mondial de l’UNESCO (pour son beffroi, ses géants et son patrimoine minier), Douai est la ville qui a vu grandir Charlotte. Point de chute de nos séjours dans la région depuis plus de 10 ans, nous avions à cœur d’en parler sur le blog. Douai est une ville aux influences flamandes fortes et au passé minier très ancré. Région attachante et généreuse à la convivialité incomparable, suivez-nous en escapade le temps d’un week-end de mai dans le bassin minier autour de Douai.

Un samedi à la redécouverte de Douai

À tout juste 2 h en voiture de Paris (30 min de Lille), nous arrivons en milieu de matinée à Douai. Nous prenons un café à Destination Café, au 92 rue de la Mairie, au pied du Beffroi. Nous voilà prêtes pour attaquer ce beau week-end.

Monter au Beffroi de Douai : le plus beau du Nord-Pas-de-Calais

Fierté de toute la région, les beffrois sont construits à l’époque du Moyen-âge (XIVème et XVème siècle). Symbole du pouvoir civil et marchand, chaque commune de ce coin de France et de Belgique se dote d’une tour qui se doit d’être plus haute que l’église et le château. C’est la naissance du pouvoir municipal. Dans toute la région, 55 beffrois sont encore debout. Ils sont devenus des incontournables du paysage des Flandres, inscrits sur la liste du Patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO.

À Douai, le beffroi en gré de style gothique, d’une hauteur de 54 m est accolé au magnifique hôtel de ville. Sa flèche, composée du grand lion des Flandres constitue un véritable joyau architectural. Le beffroi de Douai abrite l’un des plus complets et étendus carillon de France. 62 cloches s’élancent mécaniquement ou grâce au sonneur. La plus grande (la plus grave) « Joyeuse » pèse 5,5 tonnes quand « Clochinette » (la plus aiguë) pèse seulement 2 kg. Le tout se découvre au troisième niveau de la tour. Et pour la petite anecdote, c’est sur cet instrument que Dany Boon a appris à sonner le carillon pour son film « Bienvenue chez les Ch’tis ». La visite du beffroi est en visite guidée au tarif de 6 € /pers.

Mais c’est quoi cette histoire de géants ?

Lors d’une visite à Douai, on vous parlera forcément de l’histoire de la famille Gayant. Gayant qui signifie géant en Picard. Tous les 1er dimanche après le 5 juillet, la famille Gayant : Monsieur, Madame et leurs trois enfants (Jacquot, Fillon et Binbin) sortent pour une parade en ville. Ces géants fait d’osier sont portés à la force des épaules et des jambes d’hommes cachés sous leurs jupons : les porteurs. Monsieur pèse 370 kg et est porté à « bout d’épaule » par 6 hommes. Protecteurs de Douai, leur sortie une fois par an est une véritable fête dans toute la ville. Une fête incontournable de l’enfance de Charlotte.

Photo de Douaisis Tourisme

Visiter le vieux Douai

Le centre-ville de Douai se découvre facilement à pied. Accompagnées de Fabrice, guide pour la ville, nous avons arpenté (et redécouvert) les jolis coins de Douai. En 1714, le Parlement de Flandres s’installe en bord de Scarpe dans une ancienne abbaye. Le bâtiment reconstruit au XVIème siècle comprend de grands greniers au-dessus d’un quai couvert et d’une façade percée d’arcades. Le lieu abrite aujourd’hui le tribunal de Grande Instance et la Cour d’appel du Nord-Pas-de-Calais.

Aux beaux jours, vous pouvez partir en balade en barque sur la Scarpe. Douai est aussi synonyme d’écluses, de péniches et de ponts, la Scarpe ayant joué un rôle essentiel dans l’histoire et le développement de la ville. Les abords sont joliment aménagés pour des circuits pédestres ou à vélo (notre programme du dimanche matin 🙂 ).

En poursuivant notre visite, nous voici rue de la fonderie. C’est ici, sur les ruines de l’ancien château de la ville que Louis XIV installa une fonderie à canons, l’une des plus belles du pays au XVIIème siècle. La production s’arrête le 31 décembre 1867. De l’ancienne fonderie, il reste le mur circulaire de l’enceinte, le porche d’entrée datant de 1806, l’ancienne résidence du Gouverneur de la fonderie (aujourd’hui occupé par l’hôtel Ibis) et un canon, la Furibonde datant de 1744 visible dans le jardin public de la fonderie.

Moment d’émotion à la collégiale Saint-Pierre de Douai

Avec ses 112 m, la collégiale Saint-Pierre de Douai est l’église la plus longue du département du Nord. C’est également un lieu important de l’enfance de Charlotte, son grand-père y était l’organiste titulaire. Inutile de vous dire, qu’elle a donc passé quelques heures à la tribune de l’instrument. Par chance, lors de notre passage, nous avons pu entendre jouer les 4 400 tuyaux du magnifique orgue Cavaillé-Coll. La collégiale vaut également le coup d’oeil pour ses murs richement décorés de tableaux de peintres connus que l’on retrouve ailleurs dans des musées.

Ne manquez pas de découvrir les belles maisons autour de la collégiale composées de gré, de brique et de pierre blanche. Le gré est un signe extérieur de richesse, plus la maison est construite en gré et plus la famille qui y vit est aisée.

Le musée de la Chartreuse

Du couvent au musée, il n’y a qu’un pas ! C’est l’histoire qu’écrit le musée de Douai installé dans l’ancien monastère des Chartreux datant du XVIIème siècle depuis 1958. Cadre patrimonial exceptionnel, l’ensemble constitue un rare exemple d’architecture de la Flandre française : cloître, réfectoire, salle capitulaire et chapelle.

Un écrin de choix pour les belles collections qui plonge dans l’histoire de l’art du Moyen-âge à nos jours. Véronèse, Rubens, Delacroix, Corot, Sisley sont quelques-uns des grands noms dont vous pourrez admirer les œuvres au musée de la Chartreuse. Comptez 5 € l’entrée.

Tout savoir sur la fabrication de bière artisanale à La Fabriq’

À seulement 10 min de Douai, nous voici à Râches. Qui dit week-end dans le Nord de la France, dit découvertes gastronomiques. Nous voici donc chez un brasseur ! A La Fabriq’, Laurent propose cinq bières (la blonde, la triple, l’IPA, la stout et l’ambrée). Dans cette ancienne briqueterie, tout est fait sur place de façon artisanale. L’endroit est convivial pour venir déguster une bière accompagnée d’une planche apéritive. Lors de votre passage, faites une bise à Laurent de notre part 😉 .

Dimanche dans le bassin minier douaisien

Suivez le guide à vélo dans le Douaisis !

Nous retrouvons Fabrice, guide pour la ville devant l’office de tourisme. Au programme de notre matinée ? Une échappée à vélo électrique sur le thème « rouge brique et noir charbon ». 25 kilomètres pour retracer l’histoire minière des paysages du Douaisis. Équipées de notre oreillette Bluetooth, nous suivons le guide.

Un peu d’histoire minière

L’histoire minière commence en 1734 à Anzin (à côté de Valenciennes) par la découverte de charbon gras. La toute première compagnie minière « la Compagnie des mines d’Anzin » est fondée en 1757 et devient l’une des sociétés les plus puissantes de France. Les compagnies se multiplient dans la région (jusqu’à 18) et elles cherchent à garder leur main d’œuvre. C’est la création des cités ouvrières. Chaque salarié qui avait le statut de mineur avait droit de disposer d’une maison avec sa famille. Un privilège que les mineurs conservaient pour certains jusqu’à leur décès.

Notre balade nous emmène à traverser différents types d’habitation : les corons (1820 – 1890) qui constituent 25% des ensembles des cités du bassin minier dont la caractéristique est la construction de logements en bande. Puis viennent les cités pavillonnaires à partir de 1860, maison jumelle et regroupement de quatre logements. C’est la période, où l’on commence à voir fleurir autour des habitations, des équipements collectifs : écoles, salles des fêtes, églises. Et enfin dès le début du XXème siècle, les cités-jardins qui constituent 9% du parc actuel. Un concept d’habitat ouvrier qui porte une attention particulière à la qualité paysagère et à la voirie courbe.

Rouge brique et noir charbon

Notre balade à vélo commence à la cité-jardin La Clochette. Ici vivaient 6 000 familles ouvrières (principalement polonaise) en 1920. Les logements étaient propriétés des compagnies des mines et lorsque la dernière ferme en 1992, ils sont repris par l’Etat pour y faire de l’habitat à loyer modéré. Aujourd’hui, 129 cités façonnent le paysage du Nord et sont inscrites au patrimoine mondial de l’UNESCO.

Dans tout le bassin minier, on étend les forages. Les puits de l’Est ne descendent guère au-delà de 500 m quand les puits les plus profonds sont creusés dans la région de Lens jusqu’à 1 200 m. La plus forte activité se situe autour des années 1930. Au total, deux milliards de tonnes de charbon seront extraits du bassin minier.

Des cités minières aux chevalements

La balade se poursuit le long des anciennes voies ferrées des mines pour rejoindre le chevalement de Roost Warendin. Témoin de l’activité minière, ce chevalement était conçu pour une double extraction. Vestige du puit de la Fosse 9, le dernier site d’exploitation du charbon dans le département du Nord qui a fermé en octobre 1990. Cet ouvrage est une reconnaissance et un hommage aux mineurs, une formidable épopée humaine mais signe des souffrances endurées pour ce métier.

On termine au pied d’un terril, cette colline artificielle constituée par l’accumulation des déchets miniers. Pour 1 tonne de charbon extrait du sous sol, 1 tonne de déchets (terre, gré…) était générée. Le paysage du Nord c’est aussi celui-ci avec près de 200 terrils référencés, le plus haut étant du côté de Lens avec ses 160 m de hauteur.

Cités-jardins, corons, terrils et chevalements sont les témoins de l’activité minière de toute cette région. Si vous voulez en savoir plus, ce site internet est une pépite. Pour cette belle balade, rendez-vous à l’office de tourisme de Douai sur la place d’Armes. Comptez 17 € / pers (visite guidée et prêt du vélo inclus).

Visiter le Centre Historique Minier de Lewarde

Plus grand musée de la mine de France, véritable conservatoire de la mémoire, le Centre Historique Minier a été créé en 1982. Il est installé sur le carreau de l’ancienne fosse Delloye qui regroupe 8 000 m2 de bâtiments industriels et de superstructures sur un site de 8 hectares. Entre 1931 et 1971, un millier de mineurs produisirent ici en moyenne mille tonnes de charbon par jour. Les conditions de travail sont difficiles et dangereuses. La fosse, de moins en moins rentable, ferme en 1971. Les mines du Nord-Pas-de-Calais fermeront en 1990 et la dernière mine de France en Moselle seulement en 2004.

Les collections permanentes présentent plus de 15 000 objets autour du monde de la mine, de l’aventure industrielle et humaine (de l’origine du charbon jusqu’à la vie dans la cité minière…). Vous aurez aussi l’occasion de découvrir la célèbre « salle des pendus », vestiaire avec salle de douche collective ainsi que la salle des lampes de mineurs où travaillaient le plus souvent les femmes.

Descendre à la mine

Puis à l’heure sélectionnée, nous enfilons notre casque de sécurité et partons en visite guidée dans les galeries de la mine pour revivre le très difficile quotidien des mineurs de fond. Impressionnant de se rendre compte de l’évolution de leurs conditions de travail à travers les années. Des évolutions technologiques mais aussi (et heureusement) des progrès dans les droits et la sécurité au travail.

Cette visite est un incontournable dans la région. Un lieu chargé d’histoire dont on sort rempli d’émotions. Si vous voulez vous préparer, on vous conseille de relire Germinal de Zola pour vous mettre dans « l’ambiance ». Comptez 12,50€ / pers et prévoyez 2 ou 3 h pour bien en profiter.

Le Centre Historique Minier accueille également des expositions temporaires. Lors de notre passage en mai 2023, l’expo « la mine fait son cinéma » proposait de découvrir l’univers minier à travers le 7ème art. Génial !

Où manger ? Où dormir ? Nos bonnes adresses à Douai

  • Foncez à la friterie de la place Carnot : une institution pour goûter aux mythiques frites du Nord !
  • Le ferronnier dans les nuages, 50 rue des Ferronniers : une adresse gourmande pour une pause déjeuner légère.
  • Chez Binbin, 38 rue des Ferroniers : à l’heure du goûter, c’est tous les souvenirs d’enfance de Charlotte qui se cachent dans LA meilleure brioche Suisse du monde (rien que ça oui !).
  • Au Boterzing de la Maison Prevost, 10 rue de la massue : une très belle adresse de restaurant bistronomique pour un dîner au rapport qualité / prix parfait.
  • Restaurant le Briquet, au sein du Centre Historique Minier de Lewarde : cuisine d’estaminet typique de ch’Nord (welsh, potjevleesch, carbonade flamande, flamiche au maroilles…). Il y a même une assiette gourmande qui propose de goûter un peu de tout ça à la fois !

Pour dormir : la Maison d’hôtes du Théâtre, 72 rue Alfred Trannin : une chambre d’hôtes très agréable dans une belle maison de maître du XVIIIème siècle en plein coeur de la ville.

Nous sommes heureuses que Douai et son bassin minier aient trouvé leur place ici dans les récits de nos escapades. C’est toujours avec beaucoup de bonheur que nous visitons les Hauts-de-France.

Cette escapade a été réalisée en collaboration avec l’office de tourisme du Douaisis. L’office a pris en charge l’organisation du séjour (logement, repas et activités). Merci à tous les professionnels que nous avons rencontrés qui ont le goût de faire bien avec la générosité qui caractérise les habitants du Nord.

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