Marie-Catherine devant les bâtiments du Familistère de Guise
Hauts-de-France

De Guise à Laon : un week-end à la découverte du Nord de l’Aisne

Pour cette nouvelle escapade, on vous emmène dans un département quasi inconnu pour nous : l’Aisne. Bien caché à l’est de l’Île-de-France, au sud du Nord et frontalier avec 5 départements (rien que ça 😉 ), ce territoire des Hauts-de-France offre une sacrée bouffée d’air frais. Au milieu du mois de mars, on opte pour la découverte du nord de l’Aisne. Paysages de campagne et de maisons de briques rouges dans la Thiérache, nous avons succombé à son charme et à la gastronomie locale. À Laon, nous avons découvert une ville d’une grande richesse patrimoniale et historique. On vous raconte notre week-end ensoleillé et bucolique ?

L’Aisne et la Thiérache, c’est où ?

Arrivée dans le nord de l’Aisne

Après une longue semaine de boulot, on monte en voiture le vendredi soir direction Dorengt. Nous sommes accueillies par Régine, notre hôte d’un soir au Domaine de la ferme de Ribeaufontaine.

Ce superbe corps de ferme datant du XVIIIème siècle est à la fois maison d’hôtes, pension pour chevaux et bergerie. L’endroit est vraiment authentique et pittoresque. 5 chambres et 3 gîtes composent la maison d’hôtes. Notre chambre pour la nuit s’appelle l’Insolite et elle l’est : ambiance cocooning, lit cabane et matelas d’eau.

Régine propose également la table d’hôtes avec un menu à base des spécialités de la région. Ce soir là, nous avons dégusté une tarte aux maroilles maison, histoire d’entrer directement dans notre week-end. Cette prestation est habituellement offerte uniquement en semaine, Régine ayant à cœur de faire travailler les restaurateurs du coin. C’était donc une exception rien que pour nous. Comptez 120 € /nuit et 20 € /pers pour la table d’hôtes.

Samedi : La Thiérache ça vaut le détour !

Faire du vélo dans le bocage de La Thiérache

Après une visite auprès des chevaux de la pension et un petit-déjeuner copieux, nous partons en voiture jusqu’à Guise. Nous avons rendez-vous à la Boutique des copains de Thiérache pour récupérer nos vélos à assistance électrique. Au programme de notre matinée : 16 kilomètres sur l’EuroVélo 3, plus connue sous le nom de la « route des pèlerins ». Cette véloroute relie la Norvège à Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne. En France, elle traverse 18 départements dont l’Aisne. Nous empruntons l’ancienne voie de chemin de fer, sur l’Axe Vert de Thiérache et suivons des paysages bucoliques entre vertes prairies, bocages et forêts. On vous conseille de récupérer la brochure explicative du parcours « carnet de route 14 » disponible dans la boutique ou à l’office de tourisme.

On parle un peu de La Thiérache ?

Le soleil brille, le ciel est bleu, nous profitons à vélo des jolis paysages. La Thiérache est une région naturelle entre la France et la Belgique éclatée entre plusieurs départements : nord de l’Aisne, sud du Nord et l’ouest des Ardennes. Le paysage plat est principalement bocagé. Il flotte ici un petit air de Normandie. Le terroir, comme le Pays d’Auge en Normandie, est propice à la pousse des pommiers (le cidre est d’ailleurs très bon) et à la fabrication de fromages (dont le maroilles, le vieux-lille et la boulette d’Avesnes).

La Thiérache est le berceau de l’AOP Maroilles « le plus fin des fromages forts ». Créé au Xème siècle par un moine de l’Abbaye de Maroilles, ce fromage au lait cru de vache à pâte molle et croûte lavée est AOP (Appellation d’Origine Protégée) depuis 1996 et est produit à cheval sur deux départements : l’Aisne et le Nord. La fabrication du Maroilles a lieu dans une cave humide. Il est affiné pendant 3 à 5 semaines au cours desquelles il est brossé et lavé à l’eau salée. Il s’agit d’une opération importante qui va conditionner sa qualité et lui donner sa couleur orangée et sa saveur. Le Maroilles a une forme carrée de 13 cm de côté et 6 cm d’épaisseur. Plusieurs producteurs vous accueillent directement à la ferme, tous les renseignements par ici.

Autrefois terre de passage et axe stratégique situé à la frontière entre la Champagne et la Picardie, nous croisons sur notre itinéraire des églises fortifiées avec donjons et tours, fruit de l’histoire tourmentée de la région maintes fois envahie. Pour se réfugier et se protéger, les habitants de la Thiérache ont fortifié les églises des villages.

Tout apprendre sur les plantes sauvages et médicinales au Jardin d’Hélène

C’est une rencontre dont on se souviendra. Hélène est une femme passionnée par la connexion à la nature, la connexion à soi et aux autres. Infirmière de profession, c’est à la naissance de sa fille Louison qui souffrait d’allergies qu’elle s’est intéressée aux vertus des plantes sauvages et à la qualité de l’alimentation. Autodidacte passionnée, elle lâche son boulot il y a 5 ans pour créer le Jardin d’Hélène. Chez elle dans son jardin à Proisy, elle accueille des curieux et passionnés pour des stages, des ateliers culinaires, des conférences et des sorties natures.

Oui, Hélène et son époux ont racheté il y a 30 ans, la gare du village.

Nous avons eu le grand bonheur d’écouter une femme passionnée et passionnante, désireuse de rendre à la nature toute sa place dans notre vie et dans notre alimentation. Elle nous a cuisiné de bons petits plats à l’heure du déjeuner avec toute la richesse des plantes de son jardin. Au menu : pesto à l’ail des ours (qui pousse en masse dans son jardin), chèvre frais au lierre terrestre, cake à l’achillée millefeuille, salade verte aux fleurs séchées du jardin, riz complet aux jeunes pousses du jardin (orties, gaillet gratteron et lamier blanc)… Un régal avec tous les sens en éveil.

Un tour au jardin

Après le déjeuner, nous avons rejoint coquillette, son âne et Jéro son oie (qui n’est pas très commode 😉 ) pour une balade au jardin. Elle nous a ouvert les yeux sur la diversité des plantes sauvages et médicinales : détox pour l’une, antiseptique pour l’autre… Vous l’aurez compris, nous avons passé un moment enchanteur auprès d’Hélène dans un lieu hors du temps où nous avons pris le temps.

Si vous voulez connaître les dates des stages : rendez-vous sur son blog. Une pensée appuyée pour mes deux Christine qui à la lecture de ce récit doivent déjà être en train de booker une place pour un stage.

De retour à Guise, on rapporte les vélos à la boutique des copains de Thiérache. L’occasion de faire quelques emplettes des produits du terroir : maroilles, bière brassée localement… Comptez 12 € pour la location du vélo électrique à la demie-journée et 17 € la journée.

Le Familistère de Guise : une utopie réalisée

C’est la visite incontournable de votre séjour dans l’Aisne. Le Familistère de Guise, un site unique au monde crée avec tout le génie de Jean-Baptiste André Godin. Industriel du XIXème siècle à l’idéal socialiste, il expérimente à côté de ses usines, une cité ouvrière d’un nouveau genre.

Le Familistère est un projet d’habitat salubre et innovant où les travailleurs et travailleuses (modernité pour l’époque) participent à la gestion et aux décisions. De l’ingénieur, au cadre de bureau, de l’ouvrier à l’ouvrière, tous vivent sur le même pied d’égalité. La cité est composée de plusieurs palais, rien que le mot fait mouche à l’époque. La construction débute en 1859 et accueillera des habitants sur ce modèle pendant plus de 100 ans. À la fois ville dans la ville de Guise, à son apogée le Familistère a pu accueillir jusqu’à 1 750 personnes. La cité est composée de plusieurs pavillons. Des magasins qui achètent en gros et cultivent les terres voisines, une buanderie, une piscine, une école, une crèche et même un théâtre !

L’idée est d’injecter les bénéfices de la manufacture Godin dans le Familistère. Des ouvriers heureux, en bonne santé et cultivés seront plus productifs. Ici au XIXème siècle, l’école est mixte et les femmes ont le droit de vote, plus de 100 ans avant loi Française. C’est là tout l’idéal de la société harmonieuse selon Godin. On vous recommande de prendre votre temps, comptez au moins 2 h pour tout voir et comprendre. Nous avions déjà eu l’occasion de découvrir l’endroit lorsque nous vivions à Lille, il y a plus de 11 ans déjà… Le lieu se veut pédagogique avec beaucoup de pièces reconstituées et de panneaux d’explications. Comptez 10 € la visite.

À Guise, deux adresses 100% brocante !

Passion chine surtout lors de nos escapades, on vous recommande deux adresses installées à quelques mètres l’une de l’autre, rue du Général de Gaulle à Guise :

  • Au Grenier de l’Espérance : un joyeux bazar et Jacky, un patron haut en couleurs !
  • La Brocante du Donjon : coup de cœur ! Nous sommes reparties le coffre plein de vieilles bassines en zinc pour nos jardinières intérieures et extérieures.

Une nuit au bord d’un lac

Après une magnifique journée en Thiérache, nous reprenons la route vers le centre du département à côté de la ville de Laon (se prononce « lan »). Nous logeons au Golf de l’Ailette à Chamouille autour du lac du même nom. Un hôtel confortable et calme avec une jolie vue lac au réveil. Nous avons dîné sur place à la table de l’Albatros restaurant. Comptez 130 € la chambre pour deux.

Un dimanche entre le lac de l’Ailette et Laon

Après un petit-déjeuner très agréable avec jolie vue sur le lac, nous partons en voiture vers l’Abbaye de Vauclair. Sur notre trajet, nous faisons des pauses photos. Autour du lac de l’Ailette, un Center Parcs a installé plusieurs cabanes qui donnent au lieu une ambiance de Scandinavie ou de Canada.

Le lac issu d’un barrage créé en 1985 est une immense étendue d’eau de 140 ha. Tous types d’activités nautiques y sont proposés par Cap Aisne. Tôt le matin, depuis la terrasse de notre chambre, nous avons vu passer des rameurs d’aviron et toutes sortes d’oiseaux. Le trajet peut également se faire à vélo le long de la Vélo Route Voie Verte de l’Ailette.

Entre les ruines mystiques de l’Abbaye de Vauclair

Fondée au cœur de la forêt de Vauclair en 1134 par Saint-Bernard, l’Abbaye de Vauclair est encore debout. Bon, il reste seulement quelques morceaux car elle a été détruite en grande partie en 1917 lors de l’offensive sur le chemin des Dames. Le décor est romantique à souhait et Charlotte s’en est donnée à cœur joie avec les photos.

Instant mémoire sur le chemin des Dames

C’est un passage obligé dans ce coin de l’Aisne. Département au cœur de la bataille de la Grande Guerre (1914 – 1918), l’Aisne en garde des stigmates assez forts. Nous sommes passées sur la route de la bataille du chemin des Dames qui tient son nom du chemin qu’empruntaient les filles de Louis XV pour se rendre à un château tout près. Drôle de nom pour une zone où le conflit durera quatre ans entre les Français et les Allemands. Sur place, vous pourrez visiter la Caverne du Dragon, une carrière souterraine occupée par les Allemands, aujourd’hui site de mémoire. En 2023, la question du devoir de mémoire est incontestablement un devoir civique et citoyen. D’ailleurs, nous en parlions sur le blog lors d’un séjour en Normandie à côté des plages du débarquement Alliés de 1944.

Laon : ville d’art et d’histoire méconnue

Laon se voit de loin car la ville haute est perchée sur un promontoire. Nous rejoignons le centre-ville autour de midi pour un déjeuner au Parvis. Le menu terroir est d’un rapport qualité – quantité assez incroyable et l’emplacement face à la cathédrale idéal. Après le déjeuner, nous retrouvons Lucie, guide conférencière qui nous accompagnera dans nos visites.

Ville créée par l’Évêque Saint Remi, le même qui baptisa Clovis, le 1er Roi des Francs en 481, Laon est une commune qui ne connaîtra aucun envahisseur entre le VIème et le XVIIème siècle. Ville catholique, elle luttera pendant trois mois à sa prise par Henri IV, Roi de France alors protestant. Ceinturée de 7 kilomètres de remparts, elle résistera également aux différentes périodes de l’Histoire et notamment aux destructions pendant la Grande guerre. 99 % du département est ravagé mais seulement 50 % de la ville de Laon, principalement dans sa partie basse.

Laon est le plus grand secteur sauvegardé de France, c’est-à-dire avec le plus de monuments historiques au m2. 70 édifices sont classés au registre des monuments historiques : monuments médiévaux, hôtels particuliers, maisons bourgeoises du XVIème siècle. Le tout forme un ensemble d’une grande richesse patrimoniale et historique. Au sommet, sa cathédrale lui a valu le surnom de « montagne couronnée ».

Préfecture du département, Laon est une ville de taille moyenne charmante. Pavés sous les pieds, maisons aux belles pierres, monuments classés à tous les coins de rue. Nous y avons trouvé quelques ressemblances avec Amiens que nous avons visité récemment. Notamment en levant la tête pour trouver du street-art (ici, un petit monsieur en caleçon) ou en poussant la grande porte de la cathédrale.

La cathédrale Notre-Dame de Laon

C’est une véritable passion cathédrale que nous avons depuis quelques mois. Après Rouen, Chartres, Amiens, Orléans et Angoulême, nous voici devant Notre-Dame de Laon.

Cathédrale aux dimensions impressionnantes : 56 m de haut, 120 de long, elle est construite en moins de 100 ans entre 1155 et 1235. Architecture impressionnante composée de cinq tours, c’est l’un des plus beaux exemples de cathédrale gothique dite primitive. Nous sommes très heureuses d’avoir pu monter dans l’une des tours pour une vue magnifique à 360° sur la ville et les plaines alentours. Comptez 6€ / pers. Et levez bien les yeux jusqu’en haut des tours pour apercevoir les bœufs ou les vaches (rien ne permet de dire le contraire) qui vous observent.

En descendant à l’office de tourisme, poussez la porte de l’ancien Hôtel-Dieu de la ville. Actuellement le plus ancien conservé dans le nord de la France. Le cloître adjacent est aussi très beau. Si vous avez un peu plus de temps que nous, ne manquez pas le musée d’art et d’archéologie. On nous a dit qu’il cachait quelques trésors d’archéologie.

Les souterrains perchés

C’est la curiosité de notre visite à Laon. Découvrir les souterrains qui sont d’anciennes carrières d’extraction de pierres. On parle de 77 hectares de galeries sous les pieds. Le circuit dans une galerie longue de 400 m est audio guidé, immersif et ludique. Vous replongez près de 40 millions d’années en arrière quand la région était sous les eaux et sous un climat tropical. Au fil du parcours, vous apprendrez tout de l’histoire de la ville. Une visite qui vous plonge dans les entrailles de la ville fortifiée. 8 € le billet.

On clotûre ce très beau week-end à la découverte du nord de l’Aisne. Un territoire charmant et bucolique dans la Thiérache et autour de Laon. Nous reviendrons à coup sûr pour découvrir le sud du département.

Cette escapade a été réalisée en collaboration avec l’office de tourisme départemental J’aime l’Aisne. L’office a pris en charge l’organisation du séjour (logement, repas et activités). Merci à Lise de nous avoir fait découvrir toute la beauté du nord de son département.

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