Des enfants dans un village, Madagascar
Madagascar

Madagascar : les 48h les plus humaines de notre vie chez l’habitant

Rendez-vous en terre inconnue. Vous le connaissez ce programme de France Télévision présenté par Frédéric Lopez qui accompagne une personnalité dans un voyage au milieu de nulle part, auprès d’un peuple inconnu ? A Madagascar, en août 2019, c’était nous ! Pendant 2 jours, nous avons été, chez l’habitant, immergées dans le quotidien d’un village de brousse. Nous avons tout partagé : les activités du quotidien, les repas, les soirées, le logis. Cette expérience avant tout humaine, fût pour nous l’occasion (une nouvelle fois) de revoir nos schémas de pensée et nos habitudes. On vous raconte !

Comment s’immerger chez l’habitant dans un village de brousse à Madagascar ?

Cette expérience d’immersion, nous avons pu la vivre grâce à Didi, notre guide. 5 ans plus tôt, il avait déjà conduit des voyageurs dans ce village. Pour permettre notre venue, les habitants sont regroupés en association emmené par Augustin, chef du village et Sérali son secrétaire. Notre arrivée à été soigneusement préparée et très attendue. Notre participation financière à cet accueil a permis à l’association de créer des toilettes en dur (oui ça parait fou de dire ça…), de racheter des fournitures nécessaires, de participer à nos frais de bouche mais aussi et surtout de faire vivre le village, notamment l’école.

Cette immersion chez l’habitant, nous l’avions demandé à Didi lors de nos échanges à la préparation de ce voyage. Nous avions souhaité partager quelques heures avec des malagasy. Didi nous a tout de suite parlé de ce village exemplaire et sur la possibilité que nous pourrions y passer quelques jours. Nous n’avions alors pas imaginé que cette expérience inédite puisse autant nous toucher.

Arriver au village de Tanetilava

Après une longue après-midi de taxi-brousse depuis le village d’Amboaboaka, première étape de notre séjour à Madagascar, nous nous arrêtons au bord de la route à l’entrée d’un village. Nous sommes immédiatement accueillies par Augustin, le chef du village « Salama Tompoko » (bonjour en malagasy). Les adolescents se battent pour porter nos sacs (nous ne sommes d’ailleurs pas du tout à l’aise avec ça) et nous sommes accueillis sous le regard intrigué de tous les habitants du village. Nous posons nos bagages dans une chambre préparée avec goût et confortable. Nos hôtes parlent très peu français. Didi sera notre traducteur officiel français/malagasy.

S’adapter aux traditions et aux coutumes

Voyager de part le monde, c’est accepter de se confronter à des manières de penser différentes des nôtres. En France, avec Charlotte, nous sommes très engagées dans la lutte féministe. Une lutte dans laquelle, une femme vaut autant qu’un homme que ce soit en matière d’égalité salariale, d’égalité face à la charge parentale, d’égalité à disposer de son corps…

D’ailleurs, nous avons une liste assez précise des pays dans lesquels, nous n’irons pour le moment jamais voyager pour cette raison. Notamment, ceux qui appliquent la charia envers les femmes (coucou l’Arabie Saoudite, l’Iran & Co…).

Si je vous en parle ici, c’est que dès notre arrivée, j’ai « un peu » serré les dents. A Madagascar, et surtout ici dans les villages traditionnels, les femmes ne gèrent que ce qui est en rapport avec la maison : les tâches ménagères, la cuisine, les enfants… A l’heure du dîner, c’est donc le plus naturellement du monde que les femmes se sont activées en cuisine, qu’elles nous ont servis mais qu’elles ont diné, après nous, avec les enfants, sur une autre natte.

L’égalité des sexes telle qu’elle existe chez nous reste encore une utopie à Madagascar, dans une société très traditionnelle où la religion et les croyances font pencher très fort la balance vers les hommes. Le chemin est encore long, même si de plus en plus de femmes occupent des fonctions importantes. Le secret ? L’éducation pardi !

Une expérience inoubliable à Madagascar chez l’habitant !

Réveil matinal, car la traite des zébus n’attend pas ! Tout le village est déjà debout et les enfants s’en vont à l’école. Ils nous font des grands signes sur le chemin « Salama Vazaha » (bonjour étranger). Nous prenons le petit déjeuner : thé citronnelle, gâteaux de bananes à la farine de riz. C’est un moment privilégié pour échanger avec nos hôtes. Nous rencontrons notamment, un couple de professeurs de l’école du village et leur petite fille, Chloé. Un couple moderne et progressiste avec qui nous avons eu plaisir à échanger.

Réel coup de coeur pour la petite Chloé. Timide et curieuse à la fois de nous rencontrer.

L’effet rock star à l’école du village

C’était une petite surprise que Didi nous avait préparé. Avant le départ de France, nous avions rassemblé quelques fournitures scolaires que nous aurions l’occasion de distribuer sur place dans des écoles.

A Madagascar, les écoles se différencient à la couleur des tabliers des élèves. Dans l’école de Tenatilava, nous sommes attendues avec tellement d’impatience que nous recevons un accueil impressionnant !

On nous invite à nous exprimer devant une classe de 5ème, d’élèves ayant entre 14 et 18 ans puis devant une seconde classe de 3ème avec des élèves entre 17 et 19 ans. Ils apprennent tous le Français mais ils sont très intimidés de s’exprimer dans cette langue. Didi nous aide à faire la traduction. Ils veulent tous en savoir plus sur notre vie en France et ils ne sont pas avares de questions : « Vous connaissez Mbappé ? », « Quelle est la hauteur de la Tour Eiffel ? », « Quel métier faites-vous ? », Quelle est la base de l’alimentation chez vous? ». L’échange est tellement fort et intense que l’on prend énormément de plaisir à se prêter au jeu, même si il faut le dire, on se sent parfois « un peu » comme des bêtes de foires, où des millionnaires en balade. Une expérience qui fait beaucoup réfléchir…

Impressionnant de voir les autres élèves de l’école accoudés aux fenêtres depuis l’extérieur de la classe. Nous sommes vraiment l’attraction de la journée !
Cherchez l’intrus ^^

L’effet amusant de la photographie…

L’heure est déjà venue de laisser la classe reprendre le fil de son cours. On sort pour une photo souvenir et nous les quittons direction le marché. Enfin, nous les quittons est un grand mot car un long cortège d’enfants en tablier rose et bleu nous accompagnent. Ils sont intrigués et excités que nous les prenions en photo.

D’ailleurs, il n’y a pas que les enfants qui aiment qu’on les photographie. Sur le chemin, nous croisons tellement de visages qui donnent envie à Charlotte de s’arrêter et de demander l’autorisation pour prendre une photo. On se souviendra d’un dame d’un certain âge, tellement belle avec sa panière de légumes sur la tête. Lorsque nous lui avons demandé si elle était d’accord pour qu’on la prennent en photo, elle a d’abord été tellement surprise, puis a joué le jeu à fond. Regardez plutôt la différence entre son expression d’étonnement et sa pause « shooting photo » la minute suivante. Encore un moment court mais intense en émotions !

En immersion chez l’habitant à Madagascar, où comment relativiser sur notre condition

Au retour du marché, Sérali nous propose une visite de sa maison. Bon, on ne va pas se cacher derrière notre petit doigt, il s’agit plutôt d’une case que d’une maison. Elle est faite de torchis et de terre battue, il s’agit d’une grande pièce avec un lit et du lieu de vie des poules…

En sortant, nous croisons notre Grand-Mère Feuillage à nous. Une rencontre bouleversante avec cette dame qui est en fait la doyenne du village. C’est la mère du chef du village. Heureuse, extrêmement souriante, assise en tailleur en train de trier son riz. On ne peut se parler mais les gestes et sourires de son visage marqué par la vie disent tout. Une chose est sûre, on est pas prêtes de l’oublier !

En continuant la visite du village, nous rencontrons un couple d’environ 60 ans (tenez-vous bien) qui fabrique des briques. A partir de terre et de différents minéraux locaux, ils forment une pâte qu’ils mettent à la main dans un moule rectangulaire fait maison avant de le démouler pour le faire sécher au soleil. Un travail extrêmement physique qu’ils sont fiers de nous présenter. Encore un moment qui nous fera réfléchir surtout quand Didi, notre guide, nous expliquera que chaque brique est vendue ici l’équivalent de 2 centimes d’euros.

A l’heure du déjeuner, nous rejoignons le coeur du village pour un déjeuner de riz et du zébu sur une natte avec nos hôtes, sous l’oeil jamais très loin, des enfants des maisons environnantes…

Sur une charrette à zébus dans les champs

En début d’après-midi, on part pour une balade dans les champs. Nous avons de nouveau le droit à un bain de foule, notre instant « Beyoncé » en passant devant une autre école. Ces moments sont incroyables !

Vous voyez les photos, alors écoutez les cris !

Nous montons ensuite sur une charrette à zébus direction les champs. La balade est on ne peut plus authentique.

Arrivés aux champs, nous découvrons une parcelle de canne à sucre et juste à côté, des grands bidons presque cachés : oui c’est une rhumerie clandestine ! On a le droit à une dégustation mémorable avec le chef des lieux (ça décoiffe !). Son rire était tellement communicatif qu’on s’est demandées si il n’était pas tombé dans une marmite de rhum étant petit 😂.

Apprendre à planter du riz et y laisser son empreinte !

Avec Sérali, nous partons pour une balade à pied dans les plantations de riz. On apprend à différencier les différents stades de maturation et on teste même le piquage du riz.

On joue les équilibristes sur les monts de terre entre chacune des rizières et là évidemment j’ai envie de dire, il fallait que je tombe dans l’une des rizières gorgées d’eau. Le moment est tellement risible, d’autant que nous étions observés par une ribambelle d’enfants qui ont explosé de rire ! J’étais tellement pleine de boue que l’on m’a interdit de monter dans la charrette au retour. La punition !!!

La meilleure douche de notre vie, c’était chez l’habitant !

Depuis le début du voyage à Madagascar, nous faisions extrêmement attention à l’utilisation de l’eau car même froide, une douche ça fait du bien ! Dans le village de Tenatilava, les canalisations d’eau n’existent pas. Avant notre arrivée, le village a créé une petite cabane de béton prévu pour être une douche avec un système de seau que nous remplissions au puit. Après une chute dans les rizières, je vous l’assurer, cette douche au seau était la meilleure et la plus typique de toute notre vie !

Se dire au revoir les yeux embués

Il est 7h30 et c’est déjà l’heure de repartir et remercier tout le monde. La pudeur interdit de se prendre dans les bras mais les yeux en disent long sur les émotions que nous avons vécu pendant deux jours chez l’habitant dans ce village de brousse. Ici, sans Internet, sans réseaux sociaux ni de système postal pour se donner des nouvelles, on se dit au revoir et merci tout simplement.

Les 48h les plus humaines de notre vie, ce sont bien celles que nous avons vécues chez l’habitant dans le village de Tenatilava en pleine brousse à Madagascar. Ici, sans eau potable ni électricité, nous avons vécu la vie dans son plus simple appareil. Un vrai choc des cultures entre deux mondes qui se rencontrent. Une vraie claque et une belle leçon de morale et de relativisme.

=> Pour la suite de notre voyage, c’est ici, direction le paradis des îles de Nosy Be !

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